• "Ma vie, ma vie, ma très ancienne

    Mon premier voeu mal refermé
    Mon premier amour infirmé,
    Il a fallu que tu reviennes.
    Il a fallu que je connaisse
    Ce que la vie a de meilleur,
    Quand deux corps jouent de leur bonheur
    Et sans fin s'unissent et renaissent.
    Entré en dépendance entière,
    Je sais le tremblement de l'être
    L'hésitation à disparaître,
    Le soleil qui frappe en lisière
    Et l'amour, où tout est facile,
    Où tout est donné dans l'instant ;
    Il existe au milieu du temps
    La possibilité d'une île."
    Daniel 25,17 in "La possibilité d'une île" par Michel Houellebecq (p.433 - Ed. Fayard)
    Parce que Michel Houellebecq est un écrivain controversé et "controversable". Mais parce qu'il est un écrivain de son temps et de celui d'après. Auteur d'une oeuvre irrégulière et cahotique qui laisse percer des moments de grâce comme celui-ci. Véritables illuminations "néo-humaines".
    Et des images aussi, pour mieux atteindre - dans la polyphonie sémique et médiatique - à toute la poésie littéraire de Mr Houellebecq. Un court "littéramétrage" inédit...

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    "Je ne pourrais me repentir d'avoir trop aimé" - Graham Greene (1904-1991)

     C'est en 1951, que l'écrivain britannique, Graham Greene, publie sans aucun doute ce qu'on peut appeler son « chef d'œuvre » : « La Fin d'une liaison ». Graham Greene était un homme élégant, raffiné et subtil. Un auteur persuadé qu'il n'y avait pas « de littérature sans péché ». Un homme fervent, qui a, toute sa vie, su passionnément douter de ses croyances, et s'interroger sans relâche sur les frontières entre le bien et le mal. « La fin d'une liaison » est la quintessence de sa sensibilité intelligente. Un ouvrage absolu pour ceux qui ont su « trop aimer » et se dire « A quoi sert de se confesser lorsqu'on aime le fruit de sa faute ? » (Graham Greene in « La puissance et la gloire »). « La fin d'une liaison » est une réflexion sur le destin. Un livre qui oscille entre les impératifs « haine » et « aime ». Un roman qui vous ouvre grand les portes de l'infinitude divinement douce amer de l'amour, et vous laisse le goût de la passion salée sur le bord des lèvres...ultime trace d'une larme intensément égarée. Mystique, vibrant et profond.

    L'histoire : dans le Londres des années 40 secoué par les bombardements allemands, un écrivain vit une liaison passionnée avec une femme mariée, Sarah Miles. Un jour, la jeune femme coupe court à leur relation, sans consentir à s'expliquer. A la fin de la guerre, l'amant, qui a renoué avec le mari de Sarah, soupçonne l'existence d'un troisième homme. Il engage un détective pour découvrir l'identité de ce rival inconnu...

     Extraits

    « Elle m'avait dit :l'amour n'a pas de fin. Même si nous cessons de nous voir. Est-ce que les gens ne continuent pas d'aimer Dieu toute leur vie sans le voir ? -Ce n'est pas le même amour que le nôtre. - Je pense parfois qu'il n'en existe qu'un, répondit-elle. Tandis que je la guidais avec précaution à travers le vestibule démoli, l'éclairant de ma lampe de poche, elle ajouta : - Tout doit se passer très bien. Si notre amour est assez grand. Les vitres des fenêtres brisées craquaient sous nos pieds. Seul le vieux vitrail victorien au-dessus de la porte restait solide. Le verre écrasé devenait de la poudre blanche, comme la glace que les enfants piétinent dans les champs gelés ou sur les bords des routes. C'était la première nuit, en juin 1944, de ce que nous appelâmes, par la suite, les V 1. »

    « Je sais qu'il a peur du désert qui l'environnerait si notre amour devait finir, mais il n'arrive pas à comprendre que ma crainte est exactement la même. Ce qu'il dit tout haut, je me le dis en silence et je l'écris ici. Que peut-on construire dans le désert? Parfois, à la fin d'une journée où nous avons fait l'amour très souvent, je me demande s'il n'est pas possible que le désir physique s'épuise, et je sais qu'il se le demande aussi et qu'il a peur de cette borne où commence le désert. Que ferons-nous dans le désert si nous nous perdons l'un l'autre? »

    "La fin d'une liaison" a été réédité en 2000 aux éditions 10/18 (Domaine Etranger). 

     


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    Il a été l'ami de Sollers et Jean-Edern Hallier. Leur « ADN » peut être. Jean-René Huguenin est mort à 26 ans, le 22 septembre 1962,  dans un accident de voiture - et pourtant... après son premier roman « La côte Sauvage » qu'il publie en 1960 (il a alors 24 ans), Julien Gracq parlait déjà de lui comme d'un auteur lumineux et nécessaire.

     « La côte sauvage » est un roman unique – un récit bref, doux, émouvant et sensuel qui nous raconte l'histoire de l'enfance qui s'enfuit. L'histoire d'un frère qui aime sa sœur d'un amour pas comme les autres. - Dans la brume paisible de la Bretagne – en été, se tisse alors le drame silencieux d'un déchirement - incestueusement amoureux.

     Autre trace de la fulgurance de Jean-René Huguenin, le « Journal » qu'il a tenu à partir de 1955. Une œuvre ciselée comme un diamant noire ! Des paroles « sentencées », lucidement étincelantes et imparables pour tous ceux qui ont eu 20 ans...autrement.

     Un auteur parfois méconnu – à découvrir absolument.

    Extraits :

    « Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C'est moi que je prie, c'est moi qui m'exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l'aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon cœur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma soif délirante de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. J'explore. La curiosité c'est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l'amour - qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d'espoir à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu'à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines, pour découvrir que mon étrange amour n'était qu'une façon d'approcher la mort ? »

    Jean-René Huguenin in « La Côte sauvage » - éd. point Seuil, roman. 

    « J'ai faim. J'ai faim d'âmes à défricher, à exploiter, j'ai faim d'âmes consommables. » (15 avril 1959).       

    Jean-René Huguenin in « Journal », point Seuil, Journal intime – (1955 – 1962) - Culte  

    ...Et n'oubliez pas... sur le forum, votre "livre de chevet"...à vous ! Amélie Nothomb citée deux fois !


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  • ...Parce qu'il faut bien commencer par un livre...Parce ce que moi aussi "Je me suis réveillée affamée. Pour n'avoir plus mangé depuis des lustres, j'avais faim de terre, de continents, d'orages, de tumultes.(...) J'avais envie de mordre la chair crue d'un poisson, de déployer mon ouïe dans la symphonie du monde (...) Retourner au monde qui roule et qui mugit.". Parce que ce sont les premières lignes du second opus d'Hélène Grimaud, la divine pianiste - et parce sa soif mystique, pure et charnelle m'a fait du bien. "Leçons particulières", est un texte généreux qui révèle la passion d'écrire. Un texte gorgé d'amour et de ferveur. Un texte qui ne boude pas son plaisir et qui innonde de bonheur, à l'heure où la littérature s'assèche parfois de s'être trop aimée.

     
    Les faits :  pianiste de renommée internationale, Hélène Grimaud se partage entre le piano... et les loups - sa passion de toujours. Après "Variations Sauvages" en 2003, elle signe ici son deuxième ouvrage à consonance "autobiographique". Un "black out" - une envie de fuir et de se retrouver, et voilà que la belle s'échappe vers l'Italie. Mémoire des lieux, rencontres d'artistes majeurs ou de simples passants...Commence alors pour l'auteur un voyage initiatique, raconté à la façon d'un road movie inspiré et mystique, entre roman et autobiographie.
     
    "Leçons Particulières" - Auteur : Hélène Grimaud
    211 p. - Ed. Robert Laffont (2005) 

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    "Van Gogh a renoncé en peignant à raconter des histoires, mais le merveilleux est que ce peintre qui n'est que peintre, et qui est plus peintre que les autres peintres, comme étant celui chez qui le matériau, la peinture a une place de premier plan, avec la couleur saisie comme telle que pressée hors du tube, avec l'empreinte, comme l'un après l'autre, des poils de pinceau dans la couleur, avec la touche de la peinture peinte, comme distincte dans son propre soleil, avec l'i, la virgule, le point de la pointe du pinceau même vrillée à même la couleur, chahutée, et qui gicle en flammèches, que le peintre mate et rebrasse de tous les côtés, le merveilleux est que ce peintre qui n'est rien que peintre est aussi de tous les peintres-nés celui qui fait le plus oublier que nous ayons à faire à de la peinture, à de la peinture pour représenter le motif qu'il a distingué,et qui fait venir devant nous, en avant de la toile fixe, l'énigme pure, la pure énigme de la fleur torturée, du paysage sabré, labouré et pressé de tous les côtés par son pinceau en ébriété »
     
    Antonin Artaud in « Van Gogh, le suicidé de la société » - éd. Gallimard
    Note du bloggeur : un livre fulgurant et inspiré 
     
    A ne pas rater le musée Van Gogh à Amsterdam
    Renseignements et contact sur www.amsterdam.info/fr/musees/musee-vangogh 

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